Vers un essoufflement de la fièvre festivalière en Belgique ?
14 juillet 2016
À travers cette analyse, l'auteur étudie le phénomène de festivalisation à l'oeuvre en Belgique.
La Belgique est incontestablement une terre de festivals. Elle est même un pays leader au niveau européen en matière de festivals de musique. Leur nombre a considérablement augmenté ces trente dernières années, et ce n’est pas propre à la Belgique. Dans cette @nalyse, le CRISP montre que, des trois régions du pays, c’est en Flandre que l’offre est la plus importante proportionnellement au nombre d’habitants, mais que c’est à Bruxelles qu’elle est la plus concentrée géographiquement.
En s’intéressant au domaine musical, l’auteur de cet article indique cependant que le phénomène de « festivalisation » montre aujourd’hui certains signes de fatigue. Christophe Goethals souligne que, vu le nombre de festivals en activité, l’offre ne peut plus croître indéfiniment, encore moins compte tenu du contexte politique et économique peu favorable. Les risques intrinsèques liés à l’organisation de tels événements ont conduit certains festivals dans une course au gigantisme qui a eu deux conséquences principales : « un appauvrissement ou une uniformisation de l’offre artistique et une inflation du prix des billets d’entrée ».
L’@nalyse du CRISP s’intéresse aussi à la politique des pouvoirs publics en matière de soutien aux festivals. On observe des logiques d’intervention très contrastées entre le Nord et le Sud. En Flandre, la logique d’intervention est sélective et appuyée. Cette Communauté vise prioritairement à défendre et à préserver les styles artistiques de niche ou les musiques vulnérables. Par conséquent, aucun festival de musique pop ou rock ne reçoit de subside dans le cadre du Kunstendecreet, le décret qui organise notamment le soutien aux festivals. La Fédération Wallonie-Bruxelles considère quant à elle les festivals comme des moyens de diffusion artistique particulièrement appropriés pour faire découvrir des artistes locaux à un large public. De cette manière, elle défend des artistes plutôt que des œuvres. Les aides francophones sont plus répandues mais d’un montant moyen inférieur à ce que les organisateurs reçoivent en Flandre. Pointant des différences dans les logiques d’intervention, C. Goethals conclut : « intervention soutenue en Communauté française, en recul en Communauté flamande ».
Par Christophe Goethals, Vers un essoufflement de la fièvre festivalière en Belgique ?, Les @nalyses du CRISP en ligne, 30 juin 2016, 9 p.