Les Départements des Études et de la Statistique générale de la Banque Nationale de Belgique (BNB) viennent de publier une étude qui propose une approche statistique innovante pour quantifier objectivement les flux économiques entre les régions, intitulée « Flux et (dés)équilibres
régionaux en Belgique ». Dans ce travail, la BNB a entièrement régionalisé les trois optiques du PIB – c’est-à-dire la production, les dépenses et les revenus – ainsi que toute la séquence des comptes non financiers sur la période 2010-2021. L’étude de la BNB offre ainsi une évaluation de la santé économique de chaque région et une meilleure compréhension des flux économiques (biens, services, revenus et transferts) qui circulent entre elles.
Les conclusions de l’étude sont sans appel : Bruxelles et la Flandre dégagent suffisamment de revenus pour couvrir leurs dépenses, tandis que la Wallonie est en déficit structurel. Derrière ce constat se cachent des réalités économiques hétérogènes et fort contrastées. La Wallonie présente un déficit commercial structurel de 19,9 milliards d’euros, pénalisée par un niveau de production plus faible que les deux autres régions. Elle bénéficie de transferts interrégionaux importants, à hauteur de 7,3 milliards d’euros par an, ainsi que de flux de revenus entrants liés aux navetteurs, d’une valeur de 12,1 milliards d’euros, lesquels atténuent son déficit commercial. Ces flux entrants expliquent son revenu disponible supérieur de 15 % à son PIB régional. Ils permettent aussi de maintenir un niveau de consommation et d’investissement, mais ne suffisent en revanche pas à inverser la tendance de fond. La Wallonie continue de présenter structurellement un déficit courant, d’un montant de 4,2 milliards d’euros. Le déficit public s’élève à 5,5 milliards (5,4 % du PIB régional) et les dépenses publiques y représentent 70 % du PIB régional. Le secteur privé wallon n’est pas en mesure de compenser ce déficit public.
Dans sa seconde partie, l’étude propose un scénario fictif dans lequel chaque région devrait financer ses propres dépenses. Dans ce cas de figure, la Wallonie verrait son déficit public et son solde courant négatif augmenter fortement, car elle ne bénéficierait plus des transferts interrégionaux. Ses recettes publiques diminueraient alors significativement, ce qui creuserait encore davantage l’écart par rapport à ses dépenses publiques.
Illustration : Photographie de Roman Odintsov, libre d’utilisation.