Quelle part de l'économie wallonne dépend de groupes étrangers ?

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Une part importante de l'économie wallonne dépend d'un petit nombre d'entreprises sous contrôle étranger.

Dans son rapport annuel sur la structure générale de l'actionnariat des entreprises wallonnes, l'équipe Économie du CRISP a pu chiffrer le degré de dépendance externe de l’économie wallonne, autrement dit la pénétration étrangère dans l’économie.

L’étude de l’actionnariat des entreprises revêt un intérêt essentiel pour la connaissance du tissu économique en Wallonie et pour comprendre son évolution. Le plus souvent structurées sous forme de groupes d’entreprises, les grandes entreprises, par leur poids en termes d’emplois, de chiffre d’affaires ou d’investissements, sont des acteurs incontournables de l’économie. En remontant les cascades de participations et en identifiant la nationalité des groupes qui contrôlent les entreprises, le travail original du CRISP permet de rendre compte des modalités d’internationalisation de l’économie, mais aussi de situer le niveau et le lieu où se prennent les décisions qui affectent directement ou indirectement les entreprises présentes en Wallonie.

Le besoin de disposer de statistiques sur le poids et le rôle des multinationales dans l’économie a été exprimé par de nombreuses institutions, au rang desquelles l’Union européenne (à travers Eurostat), l’OCDE, l’OMC, l’ONU et le FMI. À cet égard, les données statistiques collectées et exploitées par le CRISP sont extrêmement riches et permettent de mesurer avec une précision inégalée la dépendance externe d’une région, en l’occurrence la Wallonie.

Dépendance externe en Wallonie 2014

Parmi les 73 962 entreprises présentes en Wallonie en date du 15 avril 2016, seules 5,8 % sont sous le contrôle d’un groupe : 3,7 % sont sous le contrôle d’un groupe belge, 2 % sont sous le contrôle d’un groupe étranger et 0,1 % sous contrôle partagé. Une grande majorité de sociétés (94,2 %) ne sont pas liées à un groupe. Cela ne signifie pas pour autant que des groupes n’exercent pas sur elles une certaine influence par le biais de participations minoritaires.

Exprimées en termes d’emploi et de chiffre d’affaires, ces proportions atteignent une tout autre dimension.

  • Les groupes belges contrôlent 24,3 % de l’emploi et 22,6 % du chiffre d’affaires des sociétés présentes en Wallonie.
  • Les groupes étrangers contrôlent 31,4 % de l’emploi et 53,3 % du chiffre d’affaires des sociétés présentes en Wallonie.
  • 0,5 % de l’emploi et 1 % du chiffre d’affaires de Wallonie sont sous le contrôle partagé d’un groupe belge et d’un groupe étranger.
  • Enfin, seuls 43,8 % de l’emploi et 23,1 % du chiffre d’affaires ne sont pas sous le contrôle majoritaire d’un groupe.

Si la présence directe ou indirecte d’actionnaires nationaux et purement wallons ne garantit pas que leurs décisions aillent dans le sens de l’intérêt général de la nation ou de la région, l’existence d’une structure de propriété étrangère porte en elle un risque supplémentaire. La disparition d’une entreprise sous contrôle étranger peut doublement fragiliser le tissu économique et social de la région lorsque, par exemple, ce type de désinvestissement implique un transfert de brevets et de know-how vers le centre de décision extérieur. Bien souvent dans ce cas, les recours légaux, s’ils existent, sont difficiles à mettre en place face à la logique de maximisation des profits.

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